La semaine dernière, « Marianne » révélait la signature par l’exécutif, en plein cœur de l’été, d’une ordonnance supprimant l’obligation faite à l’Etat de réserver aux salariés 10 % des actions des sociétés que ce dernier souhaite vendre. Mais aucun socialiste ne semble vouloir ou pouvoir parler d’une décision qui concerne pourtant potentiellement 1 million de Français ! Ignorance ? Incompétence ? Ou décision politique qu’ils n’assument pas ? C’est au choix…
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Il s’agit de l’ordonnance du 20 août dernier, dont Marianne révélait l’existence la semaine dernière. Pour tout dire, personne au PS ne semble au courant de son existence.
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En cherchant bien, nous avons fini — non sans mal — par trouver un élu PS au courant du dossier. Car Razzy Hammadi, ou du moins ses collaborateurs, se sont réveillés. Le député socialiste issu de l’aile gauche du PS a en effet interpelé l’actuel ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, sur cette scandaleuse ordonnance dans une question écrite, publiée ce mardi au Journal officiel. Hammadi y dénonce une ordonnance « en contradiction avec ce qui est annoncé par le gouvernement et en contradiction avec la volonté du président de la République de renforcer l’actionnariat des salariés » et demande au ministre « de bien vouloir lui indiquer s’il entend rétablir les dispositions prévoyant une offre réservée aux personnels ». D’autant, précise-t-il, que « les personnels d’Orange, et d’onze autres entreprises françaises sont ainsi dépossédés de leur droit d’accès au capital de leur entreprise ».
Laborieusement contacté par nos soins, le député PS de Seine-Saint-Denis trouve « hallucinant » que cette ordonnance vienne notamment de Montebourg. Et il ne s’explique toujours pas comment elle a pu passer inaperçue. « Maintenant, personne ne peut dire qu’il l’ignore et ceux qui savaient vont devoir s’expliquer », menace-t-il. Hammadi est même prêt à en découdre avec les ministres friands du mécanisme de l’ordonnance qu’il considère comme « antidémocratique, qui frise avec les limites légales que le Parlement leur a confiées ». Cette opinion est partagée par Jean-Marc Germain qui trouve que le « problème avec la simplification par ordonnance, c’est que cela n’apporte que des reculs sociaux ». Il met en cause, lui aussi, la mainmise de l’exécutif sur ce genre d’affaires qui mériterait un débat à l’Assemblée. Mais voilà, explique-t-il, « les ministres considèrent que les amendements parlementaires sont des barrières ».
Extrait de Marianne – Loïc Leclerc, jeudi 30 Octobre 2014.
Lire l’article complet sur le site de Marianne
NDLR : celles et ceux qui nous lisent régulièrement auront bien sûr fait le rapprochement avec notre précédent billet. Nous nous félicitons que Monsieur Hammadi nous ait entendus et nous aide à porter le débat sur la place publique.
L’ADEAS et la CFE-CGC poursuivent leur action pour que les personnels des anciennes entreprises publiques, et particulièrement ceux d’Orange, soient rétablis dans leur droit d’accès à l’actionnariat salariés.