Les grands groupes devraient mieux rémunérer leurs actionnaires…
…à défaut de lancer de grands projets d’investissement.
C’est reparti. Les rachats d’actions ont repris en France. La semaine dernière, Airbus a annoncé qu’il allait demander à ses actionnaires d’approuver le principe d’un nouveau programme exceptionnel de même ampleur que celui déjà en cours. Soit jusqu’à 10 % de ses propres actions, ce qui représenterait environ 5 milliards d’euros sur la base de la capitalisation actuelle. Une somme gigantesque au regard des montants de rachats comptabilisés chaque année. Pour l’ensemble de 2014, c’était 10 milliards d’euros pour les groupes du CAC 40. Et, depuis le début de l’année, les ténors de la cote ont déjà racheté 2,5 milliards d’euros de leurs propres titres.Environnement porteur
Bon nombre de spécialistes s’attendent, donc, à une hausse du phénomène cette année. L’environnement est, en effet, porteur. « Toutes les conditions sont réunies : les profits ont bondi, incitant à rémunérer davantage ses actionnaires. Compte tenu des taux bas, les entreprises ont la capacité de se financer facilement et elles n’ont aucun intérêt à conserver un important trésor de guerre », explique Cédric Richard, chez Natixis.
Lorsqu’une entreprise dispose de pléthore de cash, elle peut soit le garder, soit faire des investissements ou des acquisitions, ou encore récompenser ses actionnaires via des dividendes et des rachats d’actions. « Or, comme la conjoncture ne s’est pas significativement améliorée dans notre pays, et que les investissements sont largement couverts par l’autofinancement pour les groupes cotés, elles préfèrent privilégier cette troisième voie. Cette redistribution permet aux actionnaires d’utiliser cette manne en faveur d’autres entreprises qui procèdent, elles, à des augmentations de capital », explique Pascal Quiry, professeur à HEC.
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L’attitude des grands groupes et la manière d’analyser le contexte démontrent, une fois de plus, que la cupidité l’emporte largement sur la stratégie industrielle, l’esprit d’entreprise… sans parler même d’esprit citoyen ! Alors que ces grands groupes auraient les moyens d’investir pour déployer de nouvelles activités, créer des emplois, innover, bref, préparer activement le retour à la croissance, ils préfèrent dérouler le tapis rouge aux actionnaires… qui, contrairement à ce que dit l’article, ne contribuent pas forcément au développement d’autres entreprises, mais sert trop souvent à spéculer à court terme.
Le plus choquant ? Dans les entreprises du CAC 40, celle qui procède au plus grand nombre de rachat d’actions, c’est Sanofi (voir le graphique sur le site des Echos), dont on connaît la politique de licenciements de masse et de fermeture de centres de recherche ces dernières années. Encore heureux, Orange ne figure pas dans ce graphique ! D’ailleurs, vos représentants dans les fonds du PEG votent contre les résolutions ouvrant cette possibilité à la Direction d’Orange : c’est du pur gaspillage financier, et un risque fort pour l’emploi !!