Les résultats du Groupe Orange pour 2016 signent, enfin, le retour à la croissance globale du chiffre d’affaires et de la marge d’EBITDA. Ces bons résultats sont cependant à nuancer selon les zones géographiques du Groupe.
La CFE-CGC Orange et l’ADEAS déplorent que la première annonce qui en découle soit l’augmentation du dividende, dans une période où le Groupe a toujours besoin de mobiliser des investissement conséquents dans les réseaux à très haut débit, tandis que la baisse des effectifs se poursuit, tout particulièrement en France et en Pologne.
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Croissance vertueuse en Espagne…
En Europe, la croissance conjointe du CA et de l’EBITDA est au rendez-vous partout… sauf en France et en Pologne.
On peut saluer une croissance vertueuse en Espagne, où elle est tirée par la croissance du chiffre d’affaires, qui vient logiquement couronner la performance commerciale, tant sur le mobile que sur le fixe, où les déploiements de la fibre ont d’ores et déjà permis de séduire 1,6 million de clients (contre 1,5 million en France). Une régulation plus favorable qu’en France et la qualité des équipes constituent les deux clefs de voûte de ce beau succès.
…douloureuse en France…
En France, la croissance continue des ventes, fixes et mobiles, ne s’accompagne toujours pas d’une croissance du chiffre d’affaires, toujours affecté par une régulation délétère, qui maintient une concurrence exacerbée sur le marché français, pendant que l’Europe diminue les frais d’itinérance.
La croissance de l’EBITDA ne se fait donc qu’au prix d’une maîtrise des coûts toujours plus rigoureuse, et notamment par la baisse continue des effectifs. Les départs en retraite ou en temps partiel seniors s’accélèrent, affectant particulièrement les équipes opérationnelles des régions. Concrètement, la fermeture des boutiques dans les petites villes se poursuit, générant de plus en plus d’inquiétudes sur la présence d’Orange dans les territoires ruraux, tandis que le recours à la sous-traitance s’accroît dans le déploiement des réseaux, au risque d’une perte de compétence interne, qui sera forcément préjudiciable pour le futur.
Les équipes de production, qui génèrent la croissance des ventes et ont pour mission d’assurer à nos clients la fameuse « expérience incomparable » sont, de plus en plus, en tension, et les recrutements engagés ne suffisent pas à les soulager. La CFE-CGC milite depuis maintenant plusieurs années pour un meilleur remplacement des départs, et un rééquilibrage entre Paris et région, équipes supports et équipes de production, afin que l’activité soit soutenable dans la durée.
…moins rapide que prévue en Afrique
Le continent annoncé comme le principal relais de croissance dans les plans stratégiques voit son taux de croissance ralentir. Son chiffre d’affaires et son EBITDA ne pèsent que 13% dans les résultats du Groupe, tandis que les aléas monétaires (dévaluation de la Livre égyptienne) ou politiques (République Démocratique du Congo) altèrent le résultat d’exploitation. Il reste à espérer que l’efficacité opérationnelle progresse plus vite à l’avenir que la propension des États africains à lever de nouvelles taxes : en Afrique comme ailleurs, les télécommunications sont trop souvent perçues comme des « vaches à lait » avant même que les investissements réalisés aient eu le temps de produire tous leurs effets.
Sur le marché des Entreprise, le virage de l’IT est bien pris
La marque Orange Business Services s’implante de manière durable dans les services accompagnant l’accès, en particulier dans la sécurité et le Cloud, qui constituent des enjeux clefs pour les entreprises. Il reste à souhaiter, en particulier sur le marché français, qu’une régulation plus contraignante sur la fibre ne vienne pas saborder le retour d’une croissance bienvenue sur le segment des entreprises.
Ce sont les personnels qu’il faut féliciter…
Globalement, les bons résultats 2016 sont tirés par un effort commercial soutenu, appuyé par des investissements continus dans les réseaux, fibre et 4G notamment, qui créent à la fois les conditions des succès commerciaux actuels et la garantie d’une solidité future pour le Groupe Orange. Les déploiements du très haut débit sont cependant très loin d’être terminés. En France notamment, il reste plus à faire que ce qui a déjà été fait pour que l’ensemble du territoire soit correctement couvert par la fibre. Pour le faire, il faut à la fois de l’argent et des hommes.
…mais ce sont les actionnaires qui sableront le champagne !
Alors que le maintien de l’emploi et de l’investissement sont toujours des priorités cruciales, la CFE-CGC Orange et l’ADEAS ne peuvent cautionner que les actionnaires soient servis les premiers, avec l’annonce d’un dividende qui passerait de 0,60 à 0,65 € par action dès l’exercice 2017.
D’autant plus que les deux tiers du résultat net consolidé proviennent en 2016 de la cession d’EE en Grande Bretagne, qui devraient, en toute logique entrepreneuriale, être consacrés à l’investissement pour la croissance future, qu’elle soit externe ou organique. Et que, si le taux d’endettement s’améliore sur le papier, il n’intègre pas les 6 milliards d’obligations perpétuelles dont il faut cependant toujours servir les intérêts.
Faut-il y voir une pression de l’Etat, avide de se servir tout de suite plutôt que de laisser à Orange toutes ses capacités financières pour préparer le futur et faire face aux incertitudes, qui sont actuellement la règle sur toutes les géographies du Groupe ? Une fois de plus, la CFE-CGC et l’ADEAS en appellent à la responsabilité de l’actionnaire de référence d’Orange, espérant être cette fois entendus.
Les actuels « champions mondiaux du numérique », les fameux GAFA, n’ont pu construire leur succès qu’en se constituant de solides « trésors de guerre », mettant leurs actionnaires à la diète de dividende pendant de nombreuses années. Il serait raisonnable qu’Orange puisse en faire autant !