Source : Le Blog Finance – 27 janvier 2008
Comme si cela ne suffisait pas … Alors que certaines presses régionales n’hésitent pas à titrer “Banques : faut-il en avoir peur ?”, ces dernières sont de nouveaux mises en cause.
L’opération récemment mise en oeuvre par France Telecom en vue de permettre à ses employés d’acquérir des titres à prix “préférentiel”, dans le cadre d’un plan d’actionnariat salarié, ne semblerait pas dotée de toute la rigueur financière espérée.
La CFE-CGC de France Télécom a ainsi affirmé vendredi que dans le cadre de cette opération, 50.000 salariés actionnaires du groupe sont victimes d’un « montage financier » bénéficiant à la banque Calyon (Credit Agricole), ce dont se défend la direction. Pour rappel, au tout début janvier, la Société Générale et Calyon avaient annoncé le regroupement de leur filiale de courtage respective …
Ironie du sort, cette opération est dénommée “Orange Succes” en interne chez l’opérateur, lequel se glorifie de son succès, nombre de salariés ayant succombé aux charmes des actions abondées …
Les actions aux mains de la banque ou d’un FCPE ?
Selon Sébastien Crozier, président de la CFE–CGC de France Télécom-Orange, sur 14 millions d’actions réservées aux salariés en décembre 2007, près de 11 millions d’actions seront apportées en garantie à la banque mise en cause. « Cela signifie que ces actions appartiennent à la banque et non pas aux salariés », critique la CFE-CGC dans une déclaration écrite dénonçant « un scandale ».
Mais France Telecom, qui dit vouloir mettre en place un « véritable actionnariat populaire« , avec une offre qui limite les risques et l’apport personnel du salarié (certes, mais dans tous les sens du terme, le plafond des versements abondés étant relativement faciles à atteindre), assure que les actions seront placées sur un fonds commun de placement d’entreprise, dont les salariés sont co-propriétaires.
« La banque n’est en aucun cas propriétaire des actions pendant la période de détention obligatoire », a indiqué un porte-parole. Dans le cadre de cette opération, et conformément à la législation en vigueur, les titres seront bloqués durant une durée minimum de deux ans, sans aucune possibilité de déblocage anticipé. Par la suite, les actions ne pourront être débloquées qu’après une durée de détention de cinq ans minimum sauf situation exceptionnelle admise pour justifier d’un déblocage anticipé.
Calyon n’a rien à se reprocher selon FT
La banque Calyon (Credit Agricole), partenaire de cette opération, « assure le financement, garantit l’apport personnel, participe à la hausse de l’action et prend tous les risques, donc il est normal qu’elle se rémunère en partageant la plus-value », ajoute France Telecom. J’aimerai tout de même qu’on m’explique plus clairement comme la banque Calyon entend participer à la hausse de l’action. Cela pourrait s’avérer tout de même très intéressant, … pour les salariés … et les actionnaires.
Pour rappel aussi, en janvier 2008, la Société Générale et Calyon ont annoncé le regroupement de leur filiale de courtage respective, via le lancement opérationnel de la nouvelle entité, baptisée « Newedge ». Tiens ! Société Générale ? banque très peu sous les feux de la rampe en ce moment, n’est-il pas ? ….
Détails et justification de l’offre
L’Etat, qui a cédé 5% de son capital dans France Télécom en juin 2007, était dans l’obligation de réserver aux salariés 10% des actions vendues à l’époque (soit 10 % de 5 % du capital). En décembre 2007, les employés de l’opérateur se sont vus ainsi proposés l’acquisition de 14 millions d’actions. Certes, près de 13 000 personnes ayant déjà quitté la “maison” dans le cadre du plan social prévoyant 22 000 départs à la fin 2008, le nombre de titres “offerts” à l’achat aux salariés devrait mathématiquement être plus important. Triste consolation, alors qu’il reste tout de même près de 9.000 “volontaires” au départ à “trouver” …. avec ou sans pression.
Les salariés ont eu le choix entre deux formules : la première « classique » avec un abondement (actions gratuites payées par l’entreprise) et une autre « à effet de levier » permettant d’acheter des actions à crédit auprès d’une banque, a indiqué M. Crozier.
Réduction de l’offre suite à une sur-souscription
La majorité des salariés ont souscrit aux deux formules, ce qui a entraîné une sur-souscription, nécessitant une réduction de l’offre fixée par l’Etat.
La méthode de réduction proposée « va dans le sens des intérêts de la majorité des salariés », a néanmoins insisté France Telecom, qui la juge « égalitaire », car « elle attribue à chaque salarié, quelle que soit sa souscription le même nombre d’actions ».
De plus, selon un porte-parole de France Telecom, « elle privilégie la formule multiple garantie qui assure aux souscripteurs la protection de leur apport personnel et un rendement garanti d’environ 16% par an sur la période de détention, ce qui est un élément important pour les souscripteurs les plus modestes ».