Thibault Lanxade, ancien vice-président du Medef, a été missionné par le gouvernement pour définir les contours du dividende salarié. De quoi s’agit-il ?
La philosophie est la suivante : toute entreprise, dès qu’elle engrange des bénéfices, doit en reverser une partie à ses salariés. Les actionnaires ne pourraient se verser de dividendes sans avoir établi un accord de participation, selon une formule préétablie. Cette mesure, si elle était adoptée, risque d’être vécue comme une contrainte par les employeurs. Ils ont au contraire intérêt à s’en saisir pour mieux récompenser les efforts de leurs ressources humaines. Dans un marché de l’emploi très tendu, et en particulier pour les métiers pénuriques ou associés à une forte pénibilité, il peut être intéressant de proposer à la fois une augmentation de salaire et du dividende salarié.
Extrait de Focus RH – 21/04/2022
Le « dividende salarié » a initialement été proposé par Thibaut Lanxade dans un ouvrage éponyme paru en octobre dernier, et dont il s’explique également sur France Info.
Si le titre est accrocheur, le projet de loi déposé en ce sens le 15 mars dernier recadre immédiatement le sujet : il s’agit simplement d’imposer la mise en place d’un accord de participation dans les entreprises de 11 à 49 salariés (il n’est actuellement obligatoire que dans les entreprises de + de 50 salariés) pour que les entreprises en question puissent distribuer un dividende à leurs actionnaires (et non à tous les salariés).
Rien de révolutionnaire donc. Et même si on peut se réjouir que de plus en plus de salariés touchent une participation aux résultats de l’entreprise, il ne faut cependant pas se faire trop d’illusion sur l’impact de telles mesures. Même si les rétributions variables ne peuvent pas se substituer au salaire fixe, comme le rappelle l’article de Focus RH, les DRH tiennent bien compte de l’enveloppe globale de rétribution (fixe + ensemble des rémunérations variables) versée aux personnels lorsqu’il s’agit de négocier chaque année le budget des augmentations salariales. L’effet « vase communicant » existe donc bel et bien, et les Directions s’en cachent de moins en moins lorsqu’elles négocient avec les représentants des personnels.