Suite aux interventions dans les médias de Monsieur Montebourg, l’ADEAS s’associe à la la CFE-CGC d’Orange et de Bouygues Telecom, pour adresser une lettre ouverte à Manuel Valls, Premier ministre
Télécharger la version pdf : Courrier Premier Ministre – CFE-CGC Telecom- Bouygues et Orange
Monsieur le Premier ministre,
Ce début de semaine, le Ministre du Redressement productif s’est alarmé de la perspective de 1500 à 2000 suppressions d’emplois chez Bouygues Telecom, et a rappelé le souhait du gouvernement de revenir à 3 opérateurs de télécoms en France[1].
Les mesures prises pendant la mandature de Nicolas Sarkozy ont en effet déclenché un séisme dans le secteur des télécoms. La concurrence exacerbée s’est traduite par la casse des prix, dont les premiers bénéficiaires ont été les plus gros consommateurs de téléphonie mobile, tandis que plus de 10 000 suppressions d’emplois dans la filière sont venus gonfler les chiffres du chômage depuis 2 ans. Nous avons à l’époque alerté l’État et les organismes de régulation du marché… malheureusement sans succès[2].
Dans le contexte actuel, rapprocher Bouygues et Orange permettrait non seulement de sauver les emplois immédiatement menacés chez Bouygues Telecom, mais aurait également du sens en termes de synergie industrielle.
Fusionner les équipes télécom de Bouygues et d’Orange permettrait d’éviter les licenciements dans les premières, et de rajeunir la pyramide des âges dans les secondes. Rappelons que les départs naturels chez Orange représentent actuellement près de 5 000 postes par an.
Rassemblés, les réseaux 4G des deux opérateurs offriraient immédiatement un réseau d’excellence, en termes de couverture comme de qualité de service, bénéfique pour les consommateurs comme pour l’économie nationale.
Avoir l’appui d’un groupe de BTP pour déployer son réseau de fibre permettrait à Orange d’accélérer et de remplir plus rapidement ses engagements de couverture du territoire en très haut débit.
A l’international, les deux Groupes se développent, l’un en BTP, l’autre dans les télécoms, sur des territoires communs. Allier leurs capacités leur permettrait d’affronter avec succès les défis imposés par la mondialisation libérale, et de prendre une place significative sur le marché mondial des télécommunications, éloignant du même coup le risque d’une prédation externe sur leur marché domestique.
Si Bouygues devient actionnaire de référence de l’opérateur historique, il sera en outre enfin possible, en y joignant les forces de l’actionnariat salarié, de retrouver une stratégie d’entreprise orientée vers le développement de l’activité, plutôt que par le versement d’un dividende abusif, toujours exigé par l’actionnaire majoritaire d’Orange, qui obère aujourd’hui le dynamisme économique de l’entreprise. L’ADEAS (Association de défense de l’épargne et de l’actionnariat des salariés des télécoms) se joint d’ores et déjà à notre démarche.
Espérant que l’urgence de la situation et la sauvegarde de l’emploi primeront sur l’idéologie de la concurrence, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de notre très haute considération.
[1] http://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/2014/05/12/01007-20140512ARTFIG00337-montebourg-veut-marier-bouygues-telecom.php et http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2014/05/13/97002-20140513FILWWW00207-montebourg-le-retour-a-3-operateurs-se-fera.php ou http://pro.01net.com/editorial/619620/montebourg-incite-bouygues-telecom-a-sallier-avec-un-autre-operateur/
[2] http://www.cfecgc-orange.org/201209213346/lettre-epargne-et-actionnariat/lettre-epargne-actionnariat-salaries-rentree-2012-numero-special-free-mobile.html