La moitié du CAC 40 maintient son dividende stable
Le Figaro se penche sur les dividendes versés par les entreprises du CAC40 pour l’exercice 2009.
L’analyse détaillée qui en est faite permet de souligner deux éléments clefs qui viennent confirmer nos analyses :
- Plus du tiers des entreprises offrent un rendement supérieur à celui des obligations dans un contexte économique pourtant fortement récessif, qui devrait inciter les entreprises à la prudence, et donc à la conservation de leurs fonds propres pour mieux résister. Mais, comme nous l’avons déjà souligné, nous assistons à un dévoiement des règles du capitalisme, qui dérivent de plus en plus dangereusement, privilégiant la rémunération des actionnaires au détriment des capacités de l’entreprise à assurer sa croissance future.
- France Télécom est l’entreprise la plus généreuse en terme de rentabilité sur capitaux investis, comme le montre le tableau comparatif présenté en fin d’article.
Ce que l’article en revanche ne souligne pas, c’est que cette « générosité » à l’égard des actionnaires représente un taux de distribution des bénéfices de… 124% (1,40 € de dividende versé pour 1,13 € de bénéfice net par action) ! Très au-delà de ce qui est considéré comme « exceptionnel » dans l’article, si l’on en croit le point d’exclamation qui suit le taux de distribution d’Accor, qui n’est « que » de 72%.
Serions nous les seuls actionnaires à en être choqués ?
Les dividendes élevés ne sont pas pérennes…
On notera également le renvoi de l’article vers une interview de Frédéric Buzaré (Dexia Asset Management), dont quelques propos particulièrement intéressants sont soulignés par nous :
Les investisseurs ne doivent pas se focaliser sur les dividendes les plus élevés, mais les dividendes les plus pérennes, donc les plus généreux en termes de croissance (chiffre d’affaires, résultat net, dividendes, NDLR) et qui bénéficient d’une bonne visibilité. Nous pensons que des dividendes trop élevés ne sont pas pérennes. En effet, plus qu’un rendement élevé, cela signifie surtout que le cours de Bourse diminue, et donc que la situation économique de la société est dégradée. Prenez l’exemple de AT&T : l’entreprise a misé sur une logique court-termiste. Conséquence : elle n’a généré aucune croissance, et la valeur a été pénalisée par les marchés. Ce qui explique que plusieurs valeurs défensives ont baissé plus que les marchés. Le consensus S&P500 anticipe une hausse de 11% des dividendes en 2010.
France Télécom s’inscrit aussi, malheureusement, dans cette logique court-termiste, qui semble être une caractéristique des opérateurs télécoms, secteur qui pourtant reste globalement en croissance, et dont le rôle est prépondérant dans les économies modernes.
Le rappel de M. Buzzaré souligne bien que la politique de dividendes élevés, soutenue par la Direction financière de France Télécom soi-disant pour soutenir le cours de l’action, est une interprétation erronée des règles de fonctionnement des marchés.
… et s’avèrent dangereux, pour l’entreprise comme pour ses personnels
L’analyse de la distribution de dividendes aux actionnaires de France Télécom sur le moyen terme montre bien que l’entreprise a une politique de plus en plus dangereuse pour sa propre pérennité.
Le retour du dividende à 0,50 € demandé par l’ADEAS permettrait de revenir au ratio de distribution de 2004, qui apparaissait beaucoup plus raisonnable.
On notera également que le durcissement des règles de management de l’entreprise qui a débouché sur la terrible crise sociale dont les personnels subissent encore les effets date précisément du moment où les dividendes ont commencé à s’envoler.
Les analyses menées par Technologia et les corrélations que nous pouvons établir à la simple lecture de la politique actionnariale de l’entreprise sont concordantes, et ne peuvent que renforcer notre demande insistante de baisse du niveau des dividendes.
Outre le caractère symbolique de la mesure, qui a son importance pour le moral des personnels, elle permettrait de retrouver des marges de manoeuvre pour mettre en oeuvre un projet industriel motivant, pour dépasser la crise sociale en redonnant des objectifs positifs aux équipes.
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