L’obligation, passage obligé pour l’actionnaire salarié ?
Pour beaucoup d’investisseurs, pris en tenaille entre des produits monétaires qui ne rapportent plus rien et des actions dont les cours varient en dents de scie, le choix des obligations s’impose comme un choix naturel, sorte de « juste milieu » qui combinerait risque faible et performance honorable. Cette perception explique le choix prépondérant des salariés pour des fonds dans lesquels les obligations sont largement représentées.
Aussi, dans le cadre du PEG Orange, il est difficile d’éviter les obligations, sauf à choisir Orange Actions, Cap’Orange ou à conserver Pages Jaunes, avec le risque afférent aux actions et à la non-diversification. Les autres fonds sont constitués d’obligations, à des degrés divers, voire majoritaires pour Equilibris et Evolutis.
Qu’est-ce qu’une obligation ?
L’obligation est la fraction d’un emprunt émis par un état (les emprunts d’état ou OAT), une collectivité ou une société. En achetant une obligation, vous devenez créancier de l’émetteur. Comme un banquier le fait, vous prêtez de l’argent sur une certaine durée. Durant la « vie » de l’obligation (5 à 10 ans en général), vous attendez le versement d’un intérêt (appelé ici « coupon », versé annuellement) et le remboursement, à l’échéance, du capital investi. Il existe de nombreuses variétés d’obligations, mais le principe reste le même. Rien à voir, donc, avec l’action qui vous rend propriétaire d’un « morceau » de l’entreprise.
Peu de particuliers possèdent, en direct, des obligations. D’une part, leur gestion est sophistiquée ; d’autre part, la constitution d’un patrimoine obligataire diversifié nécessite du temps et des moyens financiers que la plupart d’entre nous n’a pas. L’accès aux obligations passe donc, pour le commun des mortels, par des fonds obligataires et de ce fait par leurs gestionnaires spécialisés.
L’inconvénient majeur des obligations est de ne pas conserver le pouvoir d’achat de l’argent investi sur de longues périodes, notamment lorsque celles-ci sont marquées par des phases d’inflation. L’investisseur de très long terme (plus de 10 ans) aura donc tout intérêt à « mettre le paquet » sur les actions.
Les risques des obligations
Le possesseur d’obligations, que ce soit en direct ou via des fonds, court deux grands risques : la défaillance de l’émetteur et la remontée des taux. Revenons-y plus en détail.
Le risque de défaillance de l’émetteur (impossibilité pour lui de rembourser) existe. Toutefois, dans le cadre d’un fond obligataire, les risques sont répartis entre de multiples émetteurs, et donc sous contrôle, sauf à envisager un scénario catastrophe qui affecterait tous les actifs financiers et les ferait plonger d’un seul coup.
La remontée des taux est un risque plus réel pour l’investisseur dans un fond obligataire. En effet, comme des actions, les obligations déjà émises sont cotées sur le marché dit « secondaire » (le marché de l’occasion, en quelque sorte) et peuvent être achetées ou vendues. Lorsque les taux montent, les nouvelles émissions obligataires sont faites à un taux d’intérêt plus intéressant (par exemple 4% au lieu de 3%) ce qui dévalorise les obligations déjà émises. En effet, qui voudrait d’une obligation rapportant 3% lorsque sur le marché les nouvelles obligations promettent du 4% ? Le cours des obligations à 3% diminue alors pour s’ajuster sur un coupon à 4%. Le phénomène inverse est également possible : la baisse des taux (des obligations nouvellement émises) produit la hausse de la valeur des obligations anciennes.
Des taux qui devraient remonter
Actuellement, les taux d’intérêt sont historiquement bas ; en toute logique, ils ne peuvent que monter. Il y a donc potentiellement un risque de baisse des obligations déjà émises. Reste à savoir quand, et comment.
Sur le « quand », seule une personne douée de dons de voyance pourrait nous éclairer. Cela peut être dans quelques mois ou dans quelques années. Mais on parle actuellement d’un risque d’augmentation des taux hors Union Européenne.
Sur le « comment », on peut envisager une hausse en « mode gérable » ou en « mode panique ». En « mode gérable », les gérants de fonds sauront limiter la casse pour les investisseurs individuels que nous sommes. Ils sont familiers de techniques telles que (liste non exhaustive) :
- la diversification géographique pour profiter des écarts de taux entre les différentes zones, du dynamisme de certains pays et des « effets devise » ;
- les arbitrages sur la durée des obligations. En effet, investir dans des obligations à court terme (1 à 3 ans) réduit l’impact d’une hausse des taux ;
- le panachage entre obligations à taux fixe et à taux variable ;
- le recours à des obligations convertibles en actions (« Océanes »).
En « mode panique », suite à un « tsunami économique » apporté par des évènements graves provoquant la perte de confiance des acteurs économiques, les baisses seront très substantielles, mais ce sera le cas pour tous les actifs : actions, obligations, immobilier, monnaie… Car tout notre système économique est basé sur la confiance des acteurs et ce que les économistes appellent « les anticipations positives » (autrement dit : « tout ira mieux demain »). Ajoutons-y les effets de la mondialisation qui ferait qu’aucun pays ne serait épargné. Seul le possesseur de métaux précieux (or, argent) sous leur forme physique ou de biens pouvant faire l’objet de troc devrait s’en sortir, s’il ne se fait pas dérober son « trésor » par des individus envieux…
Cela dit, la probabilité d’une hausse brutale des taux d’intérêts reste contenue, car nos états impécunieux financent leurs déficits par la dette. Charité bien ordonnée commençant par soi-même, ces états sont prêts à tout (politiques « non conventionnelles », création monétaire débridée, agitation du spectre de la déflation) pour que les taux d’emprunt restent bas, le plus bas possible…
La sagesse de l’investisseur
En tant qu’investisseur, il faut garder à l’esprit que le risque zéro n’existe pas, d’où l’intérêt d’un minimum de diversification de ses avoirs, et la nécessité de prendre du recul par rapport à des discours lénifiants émanant des politiques et des financiers, discours qui veulent nous faire croire que ce qui est improbable est définitivement impossible.
Rappel
Composition des différents fonds du PEG Orange
Fonds | Actions | Obligations | Monétaire |
Orange Actions | 100% actions Orange | ||
Dynamis solidaire | 60 à 70% | 30 à 40% | |
Evolutis | jusqu’à 30% | dominante | marginal |
Equilibris | mix d’obligations et de valeurs monétaires | ||
Solocal | Essentiellement actions (ex Pages Jaunes – plus d’achat possible dans le PEG Orange) |
Composition des différents fonds sur PERCO Orange
Fonds | Actions | Obligations | Monétaire |
PERCO Actions | 100% actions | ||
PERCO Obligations | 100% obligations | ||
PERCO Monétaire | 100 % Monétaire de la zone Euro. | ||
Fongepargne Insertion Emplois Dynamique | d’environ 90 % en actions cotés respectant les critères ISR | entre 5 % et 10% dans des titres émis par des entreprises dites « solidaires » sélectionnées en fonction de critères sociaux |