Une fois de plus, c’est Gilles Coville qui le dit dans Les Échos du 14 septembre :
Si généreux soient-ils en apparence, ce ne sont pas les rendements des dividendes qui ramènent les investisseurs vers les actions.[…]. Quelques coups de sonde au sein du CAC 40 remettent à leur place les champions du dividende en termes de retour complet à l’actionnaire (plus-value et revenu). Parmi les dix plus forts rendements 2010, seul Unibail Rodamco est en vert sur trois ans (0,23 %) et cinq ans (+ 61 %), GDF Suez ne l’étant que sur cinq ans (+ 11 %). France Télécom (- 3,5 %) et Vivendi (- 5,3 %) font tout juste mieux que le CAC (- 5,5 %) sur cette même période …
L’affaire récente de la montée au capital de France Télécom de la Deutsche Bank le démontre : même les actionnaires institutionnels les plus réputés pour leur stabilité se laissent tenter par la perspective de toucher un dividende élevé… mais ne conservent pas leurs actions dans la durée pour autant. Comme nous l’avons déjà souligné, le dividende élevé ne soutient donc pas le cours de l’action.
Sachant qu’en parallèle, une telle distribution siphonne les fonds propres de l’entreprise, limitant de ce fait ses capacités d’investissement et d’expansion, on voit bien que la stratégie industrielle est sacrifiée au profit du seul actionnaire, dans une vision improductive et de court terme.
Ceux qui s’intéressent à la finance pourront également consulter l’analyse parue dans Les Échos : Le rendement des dividendes dépasse celui des obligations d’entreprises, ce qui constitue une aberration dans les règles de fonctionnement des marchés financiers. On aimerait que France Télécom se conforme à la prédiction de Pascal Quiry, banquier d’affaires et co-auteur du guide Vernimmen « vu le contexte économique, les entreprises chercheront à se garder un matelas de cash « .
On sait malheureusement qu’il n’en est rien, puisqu’en juillet dernier, la Direction de l’entreprise a confirmé qu’elle maintiendrait le dividende à 1,40 euro jusqu’en 2012. 3 ans de dividendes à 1,40 €, rappelons le, c’est 11 milliards d’euros versés aux actionnaires, qui seront donc soustraits aux capacité d’investissement de l’entreprise dans les nouveaux réseaux, fibre et 4G par exemple.
L’ADEAS déplore une fois de plus que, sans doute sous la pression de l’État qui cherche à tirer le profit maximum de sa participation (27%) pour renflouer son budget, on assiste à la fois à une interprétation erronée des règles du marché par la Direction de l’entreprise, et au sacrifice de l’investissement qui garantirait la pérennité de l’entreprise.
La démonstration sur la pression de l’état pour récolter des fonds en exigeant des dividendes élevées des sociétés dont il est l’actionnaire majoritaire est limpide .
Il est à noter que ce même état instaure la TVA sur les offres « Triple Play » pour les opérateurs Telecom. La préoccupation n’est pas d’investir dans un programme industriel pour l’opérateur historique mais de renflouer les comptes publics par toute source de revenus possibles et supportée par les salariés et les clients (la classe moyenne ou la majorité silencieuse au choix)