Dans Les Échos du 7 janvier :
Les sommes distribuées par les entreprises de l’indice phare parisien atteindraient ainsi un niveau record, selon les consensus des analystes […]. Un chiffre en progression de 13 %. France Télécom devrait afficher le plus important rendement de l’indice.
Les actionnaires peuvent avoir le sourire. Les entreprises du CAC 40 devraient verser un montant record de dividendes en 2011 (au titre de l’exercice 2010) : presque 40 milliards d’euros […]
Cette politique généreuse de distribution apparaît étrange, et même choquante, dans un contexte de morosité économique qui n’a par ailleurs épargné ni les personnels des entreprises, ni les citoyens et consommateurs en termes de pouvoir d’achat. Mais les financiers ont réponse à tout :
…le contexte relativement morose et les incertitudes macroéconomiques incitent bon nombre [d’entreprises] à retourner de l’argent à leurs actionnaires (sous forme de dividendes ou de rachats d’actions ), plutôt que d’investir massivement.
Malheureusement, ces retours aux actionnaires ne préparent pas l’avenir en termes d’activité, de chiffre d’affaires et de bénéfices futurs… et d’ailleurs investisseurs et analystes ne s’y trompent pas :
France Télécom fait partie des plus gros payeurs de dividendes.
« Les télécoms et les services aux collectivités restent toujours dans le haut du tableau., et l’on voit cette année quelques valeurs financières bien placées ». Ces groupes affichent ainsi des rendements largement au-dessus de la moyenne du CAC 40 (autour de 4 %, selon les données de PrimeView). Un chiffre moyen qui reste lui-même supérieur au rendement de l’emprunt d’Etat français à dix ans, et même meilleur que les obligations d’entreprises les mieux notées. Selon Pierre Sabatier, ce rendement élevé est à lier au fait que « les investisseurs n’intègrent pas dans les cours la croissance future des dividendes : soit parce qu’ils veulent davantage de dividendes, soit parce qu’ils ne croient pas à la pérennité des bénéfices des entreprises ».
Comme on le voit, les intérêts des marchés boursiers et des personnels d’entreprises continuent de diverger.
A plus long terme, l’intérêt des citoyens est également en jeu, cette politique de distribution stérilisant à la fois l’emploi et les investissements, avec des effets directs sur le budget de l’État et les comptes sociaux de la nation. Qui dit budget de l’État dit impôts et taxes pour les citoyens : dans le secteur des télécommunication nous commençons l’année avec un relèvement du taux de TVA sur les offres triple-play. Quant aux comptes sociaux, leurs déficits conduisent à une diminution de la couverture sociale, dont la réforme des retraites constitue un bon exemple.
Et ne parlons pas, en matière de télécommunications, des retards d’investissement qui pénaliseront la mise en place du très haut débit en France, au détriment des entreprises et des consommateurs.
Les marchés boursiers vous souhaitent une bonne année 2011 !