Le directeur général de Proxinvest, société de conseil en politique de vote, défend avec force les intérêts patrimoniaux des investisseurs minoritaires.
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Que pensez-vous de l’actionnariat salarié ?
Nous y sommes favorables. Les actions sont proposées aux salariés avec une décote de 30 % moyennant un blocage de cinq ans.
Si les actionnaires acceptent de leur faire ce petit cadeau, c’est pour qu’ils se sentent un peu propriétaires, qu’ils soient plus motivés et qu’ils comprennent la prise de risque de l’entreprise. Cela change la culture des salariés, comme historiquement chez Essilor, marquée par sa culture d’ancienne coopérative ouvrière. Il est alors plus facile de réduire la résistance au changement, de faire comprendre la nécessité de l’adaptation perpétuelle, de l’innovation pour rester compétitif et éviter ainsi un rachat par un concurrent.
Les actionnaires salariés sont plutôt défavorables au rachat d’actions, préférant les investissements, et ont une approche stratégique assez prudente, patrimoniale. Ils se méfient de la prise de risque liée à une gestion en flux tendus ou à une externalisation excessive, dénoncée depuis des années par Colette Neuville [présidente de l’Adam].
Ils participent à la gouvernance car, s’ils ont plus de 3 % du capital, ils peuvent faire élire, en assemblée générale, un représentant au conseil d’administration. A partir du 1er janvier 2021, les dirigeants n’auront plus le droit de participer aux décisions sur le sens des votes en assemblée générale (AG) des fonds regroupant les actions des salariés (FCPE). Cela évitera tout risque d’autocontrôle malsain.
Lorsque les salariés ont un poids élevé au capital, comme chez Bouygues ou chez Eiffage, c’est presque une arme dissuasive contre les offres publiques d’achat (OPA). L’objectif du gouvernement d’obtenir 10 % du capital peut paraître un peu déraisonnable. Car les salariés ne doivent pas mettre tous leurs œufs dans le même panier pour ne pas risquer, en cas de difficulté de l’entreprise, à la fois de perdre leur emploi et d’être ruinés. Mais, dans la plupart des sociétés, leur niveau au capital est raisonnable.
Vous pouvez retrouver l’interview complète de Proxinvest dans Investir.
Rappelons que l’ADEAS échange régulièrement avec Proxinvest, notamment au moment du vote des résolutions en AG des actionnaires d’Orange. La plupart du temps, Proxinvest soutient les résolutions proposées par le Conseil de Surveillance Orange Actions.